Les voyelles brèves et autres diacritiques

Les voyelles et petits-symboles qu’on n’écrit pas toujours mais qui se prononcent

Présentation…

L’Arabe connais d’autres lettres que celles de l’alphabet que nous venons de découvrir dans la précédente leçon. Ce sont les diacritiques. Les diacritiques sont des petits symboles qui accompagnent les lettres courantes. Les voyelles brèves occupent une place Royal dans le monde des diacritiques, et c’est sur elles que devrait d’abord porter votre attention. Les diacritiques ne sont habituellement pas écrites, mais il faut connaître leur rôle et leur existence pour vraiment pouvoir apprendre l’Arabe. La connaissance de l’Arabe, suppose la connaissance de ces diacritiques implicites dans l’écriture quotidienne ( implicites, car le plus souvent non-écrites ). Il faut comprendre que l’écriture d’un mot sans ses diacritiques, donne la forme de ce mot, mais pas encore sa prononciation, ni même parfois tout son sens ( en réalité, la « chedda », une diacritique particulière, altère même jusqu’à la forme du mot, d’une certaine manière ). On ne peut alors deviner les diacritiques de ce mot que si on connais déjà ce mot ( même si on peut souvent les deviner ou les supposer, par approximation, même sans connaître le mot, mais avec alors un certain risque d’erreur ). La prononciation des diacritique est abordée ici succinctement : elle le sera en détails dans les pages qui suivent.

Les voyelles brèves simples

Les voyelles simples sont des petits son que l’on ajoute aux consonnes ou à certaines voyelles pouvant jouer le rôle d’une consonne ya et waw ). Dans l’usage courant, elles ne sont pas écrites, et on ne peut connaître leur présence implicite que si l’on est face à un mot que l’on connais. C’est mentalement, à la lecture, que l’on ajoute les diacritiques, comme si on les recomposais dans le même pas. En Arabe, il est donc impossible de lire un texte que l’on ne comprends pas un minimum. Ce qui distingue l’Arabe du français … car qui n’a jamais entendu dans une école française par exemple un institutrice dire à un(e) élève, « tu comprends ce que tu lis ? ». Cela n’implique pas une compréhension en profondeur, mais signifie qu’une compréhension au moins superficiel ( grammaticale ) est nécessaire à la lecture de l’Arabe.

Comme la recomposition des diacritiques en même temps que la lecture, nécessite une connaissance préalable de l’Arabe, les diacritiques doivent êtres écrites pour qui apprend l’Arabe ( notez tout de même que cette question de pédagogie ne reçoit pas de réponses faisant l’unanimité ). C’est pour cette raison que les voyelles brèves sont toujours écrite dans les manuels scolaires du premier cycle Arabe. A fin d’exactitude, les voyelles brèves sont également écrites dans tous les textes officiels et légaux ( afin de se préserver toute ambiguïté d’interprétation ), ainsi que dans le Coran ( pour les mêmes raisons ). Dans le dictionnaire, les mots sont bien sûre écrits avec les voyelles brèves.

En l’absence de voyelles brèves dans un mot inconnu, on pourra à priori supposer une fatha, car c’est la voyelle brève la plus fréquente ( mais avec tout de même de bonnes chance de se tromper : les autres voyelles brèves sont également très fréquentes ).

Voyelles simples — التشكيل
Voyelles Nom translittéré en français Translittération 1 Translittération 2 Son Nom Arabe
ـَـ fatha a a « A » bref, comme dans le mot français « cas », mais la sonorité est plutôt entre le « a » et le « e », et dans certains pays Arabes, il y a même une légère tendance vers le son « i » الفتحة
ـِـ kasra i i « i » bref, comme dans le mot anglais bit, mais attention tout de même au fait que dans certains pays Arabes, la fatha se prononce un peu comme la kasra… n’en soyez pas trop surpris(e)s. الكسرة
ـُـ damma ou u « OU » bref, comme dans le mot français « coup » الضمة
ـْـ soukoun * * La soukoun signale une absence de voyelle brève, et n’a donc pas de son السكون

A titre d’exemple, sans l’écriture des voyelles brèves, il est impossible de savoir comment se prononce كتبة, si on ne connais pas ce mot. Mais avec les voyelles brève la prononciation s’éclaire alors : كِتَبَة, se prononce kitabah ( remarquez bien les petits traits qui se sont ajouté dans la deuxième version de l’écriture du mot ).

Les voyelles brèves doubles

Les voyelles doubles portent un nom qui ressemble beaucoup à celui de leurs homologues simples. Elles se prononcent également de la même manière, si ce n’est qu’on y ajoute le son « n ».

Voyelles doubles — ​التنوين​
Voyelles Nom translittéré en français Translittération 1 Translittération 2 Son Nom Arabe
ـًـ fathatan ane an « AN » bref, comme dans « cabane » الفتحةً
ـٍـ kasratan ine in « IN » bref, comme dans « praline » الكسرةٍ
ـٌـ dammatan oune un « OUN » bref الضمةٌ

Il y a deux manières de prononcer chacun des phonèmes « an » et « in » en français : la manière nasalisée, et la manière non-nasalisée. Attention à ne pas confondre, d’autant que l’Arabe ne connais absolument pas les sons nasalisés. Le « an » est à prononcer comme dans « cabane » et surtout pas comme dans « partant ». Tandis que le son « in » est à prononcer comme dans « praline », et surtout pas comme dans « câlin » ( même si c’est très doudou les câlinoux, je vous l’accorde, mais là c’est exclus ).

Les voyelles brèves doubles sont les moins fréquemment utilisées, mais il est bon de bien les connaître, pour ne pas se sentir désemparé(e) à leur rencontre.

La « chedda »

La chedda s’écrit sur une consonne ( ou sur une voyelle pouvant jouer le rôle d’une consonne, comme ya ou waw ), et jamais sur une voyelle ( il n’y a donc jamais de chedda sur un alif ). Son effet est de doubler la consonne sur-laquelle elle est posée. Dans certains cas, on ne double pas véritablement la lettre, mais on insiste plutôt sur celle-ci.

La chedda est toujours accompagnée d’une voyelle brève. Voici la règle de prononciation : on prononce la consonne comme si elle était accompagnée d’une soukoun, puis on prononce encore une fois la consonne en lui ajoutant la voyelle brève qui accompagne la chedda.

« chedda » — ​الشدَّة​
Écriture Combinaison
ـّـ chedda seule
ـَّـ chedda + fatha
ـِّـ chedda + kasra
ـُّـ chedda + damma

À titre d’exemple, si nous prenons un noun sur lequel on ajoute une chedda accompagnée d’une fatha, cela s’écrira نَّ et se prononcera comme si on avait نْنَ, et se prononcera « nna » : doublement du noun, prononciation du premier noun sans la voyelle, puis prononciation une seconde fois du noun, avec la voyelle.

La chedda est parfois omise, est dans ce cas, c’est la connaissance du mot qui permet de savoir qu’une certaine lettre doit être doublée. Face à un mot inconnu, on ne peut pas deviner si une lettre est accompagné d’une chedda, sauf si elle est explicitement écrite. Il est utile de l’écrire au moins pour les mots en l’absence de laquelle il serait difficile de distinguer la racine. Une exemple trivial vient avec le mot « main », qui s’écrit en Arabe يد. Ors, pour qui sait qu’en Arabe presque tous les mots sont basés sur une racine de trois lettres, cette écriture peut paraître surprenante. On lève le voile en écrivant explicitement la chedda. On obtient alors يدّ. Le mot يد est bien basé sur une racine de trois lettre, et c’est en fait parce que le Del est doublé, qu’on ne voit qu’une lettre dans le cas ou on écrit pas la chedda.

Attention malgré tout : on peut tout de même avoir en Arabe, deux lettres identiques qui se suivent, sans qu’on ne puisse y appliquer la chedda. C’est le cas, si par exemple la première des deux lettres ne porte pas une soukoun. Un autre cas est celui de l’article, L’article en Arabe  : si un mot commence par lam, et qu’on lui ajoute l’article, alors on a deux lam qui se suivent, mais pour on y ajoute pas de chedda pour autant.

La Hamza comme diacritique

Vous connaissez déjà la Hamza dans sa forme isolée, L’article en Arabe … elle existe aussi en toute petite, que l’on peut écrire au-dessus ou au-dessous d’un alif, ou au dessus du ya ou du waw ( avec le ya et le waw, elle s’écrit toujours au dessus, tandis qu’avec le alif, elle peut aussi être en dessous ). Il ne peut jamais y avoir une hamza en dessous et une hamza au dessus en même temps. Quand la Hamza est écrite au dessus du ya, alors le ya perd ses deux points. Quand il est écrit à la fin d’un mot, on peut alors le confondre avec un alif maqsura. Faites-y bien attention, car bien qu’il n’y ait pas de point, si vous voyez une lettre qui ressemble au alif maqsura avec une hamza, alors ce n’est pas un alif maqsura, mais un ya qui a perdu ses point dut à la présence d’une hamza posée sur lui. En conséquence, le alif masqsura ne porte jamais de hamza ( seulement le alif « normal » ).

Il est question ici de la hamza en tant que diacritique, et non pas de la hamza sous sa forme isolée. La hamza peut être soit une lettre, soit une diacritique. Il ne faut surtout pas confondre ces deux formes, même s’il s’agit du même symbole. Notez que même en tant que lettre, la hamza est assez particulière ( nous y reviendrons dans d’autres pages ).

La forme alif avec hamza ne s’utilise qu’en début de mot. Elle est nécessaire pour débuter un mot commençant par une voyelle, et c’est le seul moyen d’obtenir ce résultat : les mots Arabes commencent toujours par une consonne (sachant que waw et ya peuvent être employé comme voyelle ou comme consonne), et le rôle du alif avec hamza est d’être une consonne portant une voyelle brève ( même si alif est une voyelle, un alif avec hamza est considéré comme une consonne — ne vous sentez pas perdu-e, ça vous viendra petit à petit ).

Cette forme de la hamza est toujours accompagnée d’une voyelle brève fatha, kasra ou damma ), même si celle-ci n’est pas toujours écrite. Elle se prononce comme une hamza ( attaque sèche ) suivie de la voyelle brève qui l’accompagne.

La « hamza » comme diacritique — ​همزة​
Écriture Nom translittéré français Translittération 1 Translittération 2 Son Nom Arabe
أَ alif + hamza-fatha ’a ’a « A » bref et sec بالفتحة
إِ alif + hamza-kasra ’i ’i « I » bref et sec بالكسرة
أُ alif + hamza-damma ’ou ’u « OU » bref et sec بالضمة

Si la hamza porte une kasra, elle s’écrit toujours en dessous ( la hamza, s’écrit en dessous ), parce qu’elle suit la kasra qui s’écrit elle aussi en dessous. La hamza écrite en dessous, est parfois également nommée « hamza mineure ».

Quand elle est en haut, la hamza peut porter soit une fatha soit une damma. Là aussi, elle s’écrit alors en haut, parce qu’elle suit la fatha ou la damma qui s’écrivent elles-aussi en haut. La hamza écrite en haut, est parfois nommée « hamza majeure ».

Comme dit précédemment, la voyelle brève n’est pas toujours écrite. Mais sachant que quand la hamza est écrite en dessous, elle ne peut être accompagnée d’aucune autre que d’une kasra. Alors on saura que si elle est écrite dessous sans voyelle brève, c’est que la voyelle implicite qui l’accompagne, est une kasra.

À contrario, si la hamza est écrite au dessus, sans voyelle brève, on ne peut pas deviner. La voyelle l’accompagnant implicitement pouvant être une fatha ou une damma. Dans ce cas, c’est la connaissance du mot qui permet de savoir de quelle voyelle brève il s’agit. Dans le cas où l’on est face à un mot que l’on ne connaît pas, on pourra premièrement supposer que la voyelle implicite est une fatha, car la hamza majeure est le plus souvent typiquement accompagnée d’une fatha.

Un exemple typique de mot commençant par une voyelle, et que l’on ne pourrait pas écrire autrement si la hamza n’offrait pas cette possibilité, est le mot « Amérique », qui s’écrit en Arabe أميريكا , ’amîRîkA. On emploiera donc dans cet exemple, une hamza majeure accompagnée d’une fatha. Comme l’Arabe n’autorise pas de commencer un mot par un alif ( car c’est une voyelle, et non-pas une consonne ), si la hamza n’existait pas, on aurait pas de possibilité d’écrire ce mot « Amérique ».

Autres diacritiques

Le alif-wasla est le alif que l’on devrait écrire pour l’article Arabe : L’article en Arabe . Mais dans l’usage courant, on écrit le plus souvent un alif simple. On trouve le alif-wasla dans la littérature, et le fait d’écrire un alif « normal » au lieu d’un alif-wasla n’est pas considéré comme une faute. Le alif-wasla se prononce exactement comme un alif + hamza + fatha. C’est logique, puisqu’en Arabe un mot ne peut pas commencer par un voyelle, le alif de l’article Arabe n’est nécessairement pas tout à fait un alif ordinaire. Vous pouvez ne pas faire attention à ceci pour le moment, et y revenir plus tard quand vous aurez appris comment écrire l’article Arabe.

Autres diacritiques
Écriture Nom translittéré français Translittération 1 Translittération 2 Son Nom Arabe
آ alif + wasla alif mamduda ) a ’a « A » bref et sec الممدودة

En guise d’exemple, au lieu d’écrire القمر, l’Arabe littéraire écrit آلقمر.