L’alphabet Arabe et les bases de la prononciation

الأبجدية

Présentation…

Ce qui impressionne, mais qui plus souvent encore fascine le plus dans la langue Arabe, c’est son alphabet, la diversité de ses formes toutes en arabesques, que l’on a envie de dessiner sur du papier à musique. Même si vous ne souhaitez apprendre que le parlé, vous gagnerez tout à suivre cette leçon, parce que l’alphabet est bien sure directement lié à la phonétique de l’Arabe. Et même sans vouloir écrire véritablement, il vous serait sûrement impossible d’apprendre le parlé sans pouvoir communiquer à son sujet avec un alphabet phonétique. Ors il est justement question ici aussi de l’alphabet phonétique ( plus exactement, l’alphabet « translittéré » ).

Avertissement sur la relation entre l’Alphabet et la Langue

Dans quelques temps, vous saurez probablement reconnaître les caractères ( lettres ) Arabes, en les distinguant des autres écritures cursives ( d’autres écritures cursives dans le monde y ressemble un peu ). Vous saurez reconnaître les lettres, avant même de savoir lire ou écrire, ou de comprendre les textes. Il pourrait donc arriver que vous-vous trouviez face à un texte dont vous pensez qu’il est écrit en Arabe, sans pourtant qu’il ne le soit. En effet, l’alphabet Arabe est utilisé par d’autres langues que l’Arabe, et vous ne devez donc pas pensez qu’un texte est écrit en Arabe, pour la seule raison qu’il est écrit en alphabet Arabe.

Le phénomène n’est pas inconnu en Occident : les langues Occidentales s’écrivent en alphabet Latin, et nous avons donc plusieurs langues différentes qui s’écrivent avec le même alphabet. C’est de la même manière que l’on peut comprendre qu’un texte écrit en lettres Arabes, n’est pas nécessairement un texte en langue Arabe.

Devant un texte inconnu ou semblant étrange, il vous faudra donc avoir à l’esprit, la distinction entre « Alphabet Arabe » et « Langue Arabe ». D’autant plus que certaines langues s’écrivant avec l’alphabet Arabe, y ajoutent d’autres caractères spéciaux… n’en soyez pas surpris(e)s. Encore une fois, les langues Occidentales font de même : l’Allemand et le français ajoutent des caractères qui sont inspirés de l’alphabet Latin, qui y ressemble dans la forme, mais qui n’en sont pas pour autant pas Latins. Au sein de la langue Arabe elle-même, les dialectes ajoutent fréquemment eux-aussi des lettres qui n’existent pas dans l’alphabet Arabe courant, ou parfois encore, les phonèmes associés aux lettres varient plus-ou-moins.

L’alphabet et la prononciation

Si vous êtes curieux(ses), et que vous avez déjà regardé des textes Arabes, vous remarquerez sans doute que les lettres que l’on trouve ici, dans le tableau suivant, ne couvre pas la totalité des formes que l’on peut voir apparaître dans un texte en Arabe. C’est exact, mais il ne faut pas aller trop vite. Vous comprendrez plus loin ( plus tard ). Des indications sur l’apprentissage de la prononciation vous sont également données. La colonne « translittération » rappellera peut-être des choses à certain(e)s. Pour ceux/celles à qui cela ne parle pas, n’y prêter pas attention pour le moment, vous apprendrez ici à quoi cela correspond. Deux formes de translittération différentes sont données, et donc des explications sont nécessaires pour expliquer l’existence de ces deux formes conjointes. Nous y reviendrons. D’autres tableaux, plus simplifiés ( tableaux synthétiques destinés à servir d’aide mémoire ) seront fournis sur des pages spécifiques.

L’alphabet Arabe ; ا ​لأبجدية العربية​
Lettre Nom français T1 T2 Son Nom Arabe
0 ء Hamza 2 arrêt sec همزة
1 ا Alif a A/â a long ألف
2 ب Ba b b b باء
3 ت Ta t t t تاء
4 ث Sa s th s lingué ( à l’anglaise ) ثاء
5 ج Djim j j dj جيم
6 ح Hha h 7 h expiré حاء
7 خ Kha h 5 h expiré et raclé خاء
8 د Del d d d دال
9 ذ Zel d dh z lingué ذال
10 ر Ra r R r roulé راء
11 ز Zay z z z زاي
12 س Sin s s s سين
13 ش Shin sh ch ch شين
14 ص Sad s S s emphatique ( plus-ou-moins appuyé ) صاد
15 ض Dad d D d emphatique ( plus-ou-moins appuyé ) ضاد
16 ط Ta t 6/T t emphatique (~appuyé) طاء
17 ظ Za z Z z emphatique (~appuyé) ظاء
19 ع Ayn 3/’ coup de glotte عين
18 غ Rayn r r/gh r à la Parisienne غين
20 ف Fa f f f فاء
21 ق Qaf q 9/q k emphatique ( plus ou moins appuyé ) قاف
22 ك Kaf k k k كاف
23 ل Lam l l l لام
24 م Mim m m m ميم
25 ن Noun n n n نون
26 ه Ha h h h expiré ( à l’anglaise ) هاء
27 و Waw w w û long / w واو
28 ي Ya y y/î î long / y ياء
Lettres spéciales
Lettre Nom français T1 T2 Son Nom Arabe
ة ta marbuTah a ah a expiré تاء مربوطة
ى Alif maqSurah a A/â a long الألف المقصورة

Si vous ne le savez pas encore, notez dés maintenant que l’arabe s’écrit de droite à gauche, contrairement aux écritures occidentales qui s’écrivent de gauche à droite. Bien que l’arabe se lise de droite à gauche, on lit toujours les pages de haut en bas. Comme l’arabe se lit de droite à gauche, les pages d’un livre commencent normalement au dos du livre, et on poursuit la lecture en passant de la page de droite à la page de gauche, et ainsi de suite. Ceci n’est pas le cas pour les livre écrits en deux ou plusieurs langues ( par exemple un livre écrit en Arabe et Espagnol ). Des livres de contes pour enfant, écrits en français et en Arabe, existent, et on les commencent par l’avant du livre, en tournant les pages dans le sens habituel, comme en français. Il faut donc bien distinguer les livres écrits seulement en Arabe, et les livres écrits en Arabe et en anglais/français par exemple. Il va de soit que le fil de la lecture sur les pages web est exactement le même en Arabe qu’en anglais ou en français : sur le web on ne tourne pas les pages, on clique sur des liens pour passer d’une page à l’autre, on suit le fil d’un flux.

Explications sur la table de l’alphabet

La colonne « N° » est juste là pour faciliter la lecture du tableau. La colonne « Lettre » donne la graphie ( écriture ) arabe dans sa forme isolée. Les lettres arabes s’écrivent de différentes manières, selon le contexte. Nous y reviendrons. La colonne « T1 » donne la première forme de translittération : la plus simple. Une translittération est une écriture approximative de l’Arabe avec les caractères latins. La colonne « T2 » donne une deuxième forme de translittération plus exacte, mais moins évidente pour ceux/celles qui ne la connaissent pas. La colonne « Son » est une indication sur la manière de prononcer la lettre en Arabe. Il s’agit de la prononciation du phonème de la lettre, et non pas de la prononciation du nom de la lettre. La prononciation dépend seulement quelquefois du contexte ( alors que l’écriture d’une lettre dépend toujours du contexte ).

Remarques sur ء

La Hamza ء ) porte le numéro 0 et non-pas le numéro 1, car elle a une place particulière même dans l’alphabet. Pour que le numéro 1 reste attribué au Alif, la Hamza s’est donc ici vu assigné le numéro 0.

Elle se place normalement avant le Alif dans l’alphabet, mais beaucoup d’alphabets son écrits sans la Hamza ( elle est alors implicite ). En règle générale elle ne s’utilise pas seule. Elle s’utilise le plus souvent avec la Alif ( dessus ou en dessous ), mais pas toujours. L’usage de cette lettre, est subtile. Nous y reviendrons en temps voulu, dans d’autres leçons. Dans les dictionnaires on ne cherche jamais d’entrées seulement pour la Hamza, puisqu’un mot ne comment jamais par une Hamza isolée. Si par exemple on cherche un mot commençant par un Alif avec une Hamza dessus, alors on cherchera le mot dans les entrées correspondantes au Alif.

Remarques sur ​ت​ et ​ة​

Il existe une autre lettre, ة, « cachée » par la lettre ت. Le ت ( Tâ ) s’écrit aussi parfois sous la forme particulière ة : c’est la Ta-Marbuta. Elle est comme un ت enroulé sur lui-même.

Elle se prononce « ah » quand elle se prononce sans aucun son après, ou « t » quand elle est suivit d’un autre son. On ne la trouve qu’en fin de mot. Elle est théoriquement la marque du féminin, mais se trouve dans quelques cas de mots masculins, tout comme il existe certains accords du féminin qui n’utilisent pas la Ta-Marbuta. Le plus souvent, vous pourrez considérer ة comme une lettre à part, même si sa relation avec ت refera surface dans certains cas ou ة se prononce exactement comme ت. Nous y viendrons en temps voulu dans d’autres leçons.

Remarques sur ​ا​ et ​ى​

Le Alif ا, s’écrit parfois comme un Ya sans points, ى. Cette forme du Alif s’appelle Alif-Maqsurah. On ne la trouve qu’en fin de mot, comme par exemple dans ليلى ( laylâ — nuit ).

Prononciation

Il est question pour l’instant de la prononciation des phonèmes symbolisés par les lettres seules. Il ne s’agit pas de la prononciation des mots ni des constructions plus complexes. Certains sons Arabes n’existent pas dans les langues latines, tout comme certains sons d’origines latines n’existent pas en Arabe. Toutes-fois au bilan, l’Arabe a une gamme de sonorités plus riche que l’alphabet latin. L’Arabe est fréquemment qualifiée de langue « chantante ». Certaines lettres arabes se prononcent comme les lettres latines ( à la nuance prêt de l’accent, mais qui est d’ailleurs lui-même variable au seins du monde arabe ).

Manières de prononcer les principaux sons arabes

Les sons Arabes qui se prononcent comme les sons latins, sont représentés dans la colonne « Son » [ L’alphabet et la prononciation ] par la lettre latine dont le son est équivalent. Les autres sons qui n’existent pas en latin peuvent êtres représentés à partir des sons déjà connus ( plus loin sera présentée une recommandation sur la manière d’apprendre la prononciation des sons ).

Une lettre dite emphatique, est une lettre qui se prononce en arrondissant le haut du palais, en reculant la langue, comme si on voulait toucher le fond du palais avec le fond de la langue, tout en arrondissant le reste de la langue vers le bas, pour faire comme une caisse de résonance entre la langue et le palais ( ce n’est pas toujours évident au début, mais c’est assez amusant ).

Le coup de glotte est simplement la manière dont on attaque un mot, comme par exemple avec les mots « appel » ou « aide ». L’attaque du mot est nette : tout à fait le contraire que dans le cas d’un mot comme « gâteau ». Le coup de glotte est la manière dont on prononce le début de la première lettre d’un mot en français, et ne sera donc pas difficile. Ce qui demandera plus d’attention au contraire, sera d’apprendre à prononcer la première lettre des mots à la manière douce. Au contraire du français, par défaut l’Arabe prononce la première lettre des mots à la manière douce ( tandis que le français a une prononciation plus sèche au début des mots ). En français on ne varie qu’avec l’attaque du son, tandis qu’en Arabe, la Hamza marque non-seulement la manière dont on attaque un son, mais peu marquer également la manière dont on le termine ( ce qui est original, comparé au français ).

Un son lingué est un son que l’on prononce en amenant le bout de la langue au devant du tranchant des dents du haut, pour faire comme un zozotement. C’est un peu comme avec le « the » anglais.

Pas un Alphabet mais un ’Abjad

Les plus curieux(ses) d’entre vous seront sûrement ravi(e)s d’apprendre que l’Alphabet Arabe se distingue à un tel point, qu’il est en fait un ’Abjad et non pas un Alphabet. La différence entre un Alphabet et un ’Abjad est qu’un Alphabet note les voyelles ( d’où le Alpha, une voyelle Grec ), tandis qu’un ’Abjad ne note que les consonnes. Le nom « Alphabet » vient du nom de ces deux premières lettres en Grec : Alpha et Beta. L’Abjad ne semble pas tirer son nom des deux premières lettres Arabes actuelles, qui sont Alif, Ba et Ta. Effectivement, son nom vient d’un autre ordre des lettres Arabes il y a bien longtemps. Dans un lointain passé, l’Abjad Arabe commençait par les lettre Alif, Ba et Jim… d’où son nom de Abjad. En Arabe, le mot Alphabet se dit d’ailleurs Abjadia أبجدية ). Malgré cela, par soucis de respecter l’usage courant dans les langues Latines ( puisque ce site est franco-Arabe ), c’est le mot Alphabet qui continuera à être employé.