Présentation…
La déclinaison est la question de grammaire qui intimide souvent le plus. Elle existe dans de très nombreuses langues, sous différentes formes. On la perçois souvent comme une contrainte ennuyeuse ou une complication inutile. Vous allez pourtant découvrir pourquoi les déclinaisons existent et ce qui les justifie pour des raisons humaines. Les déclinaisons seront concrètement abordées dans la leçon suivante. Cette page éclairera vos pensées sur le pourquoi et le comment des déclinaisons.
Dans cette page …
Qu’est-ce donc une déclinaison ?
Dans les langues écrites on représente les choses par des mots, des symboles dessinés. Dans les langues parlées on représente les choses par des verbiages, des symboles prononcés. Les déclinaisons sont elles aussi des symboles, pas plus effrayants que les mots. Elle sont des petits symboles qui s’attachent au mot, qui le modifie un peu parfois. Ces petits symboles disent quelque chose sur le mot. Les déclinaisons disent à quoi sert le mot. On comprend mieux ce qu’est une déclinaison si on se dit qu’elle est comme un habit qui identifie la fonction d’une personne. Comme par exemple l’habit du bûcheron, l’habit du puériculteur, l’habit de l’institutrice, etc. Quand on voit l’habit de la personne, on connais sa fonction. La déclinaison peut être perçue d’une manière similaire.
A vrai dire, même si un bûcheron n’a pas ses habits de bûcheron, il pourra toujours couper du bois et ça ne l’empêchera pas d’être un bon bûcheron. Et une institutrice sans ses habits d’institutrice, restera toujours de-même, une bonne institutrice. Alors on pourrais penser que l’habit ne fait pas tout, et que même sans l’habit, la fonction subsiste. C’est vrai.. les habits ne font pas les moines ni les imams,… mais ils confirment leurs fonctions. La déclinaison à pour effet de rappeler clairement la fonction du mot, pour qu’on ne l’oubli pas, tout comme l’habit de la policière lui sert à vous faire ne pas oublier qu’elle est policière.
La déclinaison est donc une manière de souligner, et on souligne « d’une couleur ou d’une autre » selon que l’on souligne une chose ou une autre. Et même si on peut imaginer s’en passer, la déclinaison montre son avantage en assistant le fonctionnement de la perception humaine. Le doute est toujours à-priori là où on s’attend à des sources d’erreurs potentielles. Et justement des erreurs, quand on parle ou quand on écrit, il vient souvent des occasions d’en faire ( surtout quand la pensée va plus vite que les mots ). Alors pour se donner des chances de corriger les erreurs « à la volée », les humains ont laissé émerger les déclinaisons. L’évolution des langues a inventé les déclinaisons, qui se sont imposé naturellement dû aux avantages qu’elles apportent.
Tout une histoire pour des petites histoires
Prenons, pour commencer, l’exemple d’une phrase simple en français, intégrant un sujet et un complément : « elle va au cinéma ». Le mot « va » est un verbe conjugué, sans confusions. Le mot « elle » est le sujet, et le mot « cinéma » est un complément. Très bien alors, direz-vous… mais le problème, c’est que « elle » et « cinéma » sont tous deux des mots qui pourraient aussi bien être l’un ou l’autre, soit sujet, soit complément. Si nous disons « le cinéma brûle », le mot « cinéma » est le sujet. Si maintenant nous avons la phrase « tu viens avec elle », alors le mot « elle » est ici un sujet. La fonction du mot n’est pas donnée par le mot… dit d’une autre manière, le sens du mot ne défini pas sa fonction. Mais vous allez répondre que le sujet et le complément se distinguent par leurs positions dans la phrase… justement, nous y venons.
Il arrive fréquemment que par erreur à l’écriture ( par méconnaissance de la langue, parfois ), par précipitation, que certains mots d’une phrase soient inversés. Et en cas d’une telle erreur, il y a risque de confondre le sujet et le complément, ce qui reviendrait exactement à confondre la marmite et les pommes de terre.
La communication, se comprendre, c’est important, et pour éviter des catastrophes ( petites ou grandes ), en se donnant une chance de corriger ces erreurs, les déclinaisons sont là. Imaginez que dans chaque phrases, on joue à souligner le premier mot en rouge et le dernier mot en vert. On verra alors toutes les phrases ainsi. Si il arrive que l’on voit une phrase pour laquelle le premier mot est souligné en vert et le dernier souligné en rouge, ou même que deux mots soient soulignés de la même couleur au début et à la fin, on sera très attentif(ive) et très prudent(e) lors de l’interprétation de la phrase, parce qu’on aura la prescience de cette erreur, même sans la localiser clairement. Ainsi, en étant alerté(e) que deux mot se sont peut-être inversé, on prendra spontanément soin de s’assurer plutôt deux fois qu’une que l’interprétation supposée de la phrase correspond bien à ce qu’elle voulait dire.
Imaginez une phrase naïve comme « moi mord chien » conjointement à une autre comme « chien mord moi ». On voit bien comme le sens est assujetti à la position des mots, et comme l’interprétation est donc vulnérable à une erreur dans l’ordre de ces mots. Si on avait une déclinaison sur l’un des mots, cela nous donnerait plus d’assurance sur l’interprétation à donner. Pour s’assurer du sens, on pourrait tester si les déclinaisons et les positions des mots sont en cohérence.
Ça n’apparaît pas à notre conscience, mais quand nous parlons quotidiennement, quand nous écrivons ou quand nous lisons, nous corrigeons sans cesse nos interprétations parfois erronées en les certifiant ou infirmant en raisons de signes tels que ceux-ci. Ces signes n’ont pas de signification en eux-mêmes, et ne sont donc pas comparables à des mots. Mais ils sont des signes qui servent à dire deux fois la même chose. Ils font redondance. Un sujet peu être identifié en Arabe de deux manières : par sa position dans la phrase ou par sa déclinaison. C’est une peu comme si au moment d’écouter quelqu’un(e), vous lui demandiez de répéter deux fois la même chose, pour vous assurer mutuellement de vous être bien compris(es). Et Arabe, nous répéterons deux fois la même chose, en mettant le sujet à sa bonne place, et lui donnant le signe de déclinaison qui correspond à cette place. On écrit les déclinaisons comme on place les mots. Dans votre esprit, associez à chaque position dans la phrase, une déclinaison, et vous aurez le sentiment que les déclinaisons sont naturelles et discrètes.
À la lecture ou à l’écoute, la position du mot dit « je suis le sujet », et la déclinaison, elle, dit « je suis le sujet »… comme toutes les deux disent la même choses, alors on est assuré(e) que c’est bien le sujet de la phrase. Plus on a de signes qui nous assurent qu’une interprétation est la bonne, et plus alors on interprète spontanément, naturellement, avec confiance. Loin de vous embêter, les déclinaison vous ferons sentir à l’aise avec l’Arabe.
Pour les curieux et les curieuses : le principe des déclinaisons dans les langues, est exactement le même que celui des codes-correcteurs en informatique. Ces codes sont utilisés pour assurer la bonne qualité des transmissions informatiques, et même pour les corriger si certaines conditions sont réunies. Les spécialistes en transmission et traitement de signal vous le diront tous(tes) : plus il y a de redondances, et plus la communication est fiable. À l’inverse, la transmissions de données compressées résiste moins bien aux erreurs de transmission, tout comme un langage trop concis, est nuisible à l’expression ( on le trouve ambigu ). L’aventure est la même avec le langage. Vous voyez comme le feeling de nos ancêtres était bon : ils ont naturellement laissé venir l’émergence de ce principe dans le langage, dont nous mesurons l’utilité dans d’autres domaines.
Il existe bien sûre d’autre recettes permettant de corriger les erreurs ou les ambiguïtés de la communication dans une langue. Toutes-fois, si les déclinaisons de l’Arabe sont si importantes, c’est parce qu’elles nous préservent des erreurs les plus confondantes : celles qui concernent l’architecture fondamentale et d’ensemble de la phrase.
Ainsi maintenant vous pourrez vous dire au fond de vous même, pour vous donner du cœur en les apprenant, « les déclinaisons me veulent du bien, les déclinaisons sont mes amies ». Vous comprendrez aussi pourquoi maintenant, bien loin d’êtres honteuses, les fautes de déclinaisons sont même au contraire une chance, car sans ces erreurs visibles, on laisserait la place à des erreurs invisibles. L’erreur provient naturellement dans le langage, et c’est la raison d’être des déclinaisons.
La suite…
Leçon suivante ( la suite des déclinaisons dès que possible ) : Détermination du cas en grammaire Arabe selon la fonction du mot